Emplacement
Sarajevo, Bosnie-Herzégovine
Année de construction
1887
Architectes et artistes
Pařik Karel (1857-1942)
Histoire
À la suite de la mise sous tutelle de la Bosnie par l’empire austro-hongrois, la formation des juges des tribunaux islamiques est placée sous l’autorité de l’État. C’est à cette fin qu’en 1887 est créée, à Sarajevo, l’école de droit chariatique destinée à former les étudiants bosniaques au droit de la charia.
Le bâtiment, implanté au cœur de la Stari Grad (vieille ville), est dessiné par l’architecte austro-tchèque Karel Pařik, auteur de plusieurs édifices emblématiques de Sarajevo, tels que l’hôtel de ville (Vijećnica) et la synagogue ashkénaze. Conçu spécialement pour la communauté musulmane, l’édifice adopte un style néo-mauresque probablement jugé le plus approprié par l’architecte et par les autorités autrichiennes. L’ensemble formé de deux bâtiments à cour
, d’un ou deux niveaux, disposés perpendiculairement, reproduit le plan traditionnel des madrasas ottomanes : des salles communes dédiées à l’enseignement, la prise de repas ainsi qu’une bibliothèque et un oratoire pour la prière, et des cellules pour l’internat des étudiants. Stylistiquement, l’architecte a choisi un style historiciste et composite en croisant les références à l’art tardo-ottoman de la région, l’art de l’Égypte mamelouke ou encore celui de l’Espagne nasride. À l’instar de celles de la Vijećnica, les façades à enduit bichrome simulant l’appareil en ablaq ainsi que la composition du porche monumental du pavillon d’entrée, à arc outrepassé, évoquent les grands édifices du Caire tandis que la disposition du plan et les imposantes toitures couvertes de tuiles rappellent les palais andalous et plus particulièrement l’Alhambra.
La première cour, rectangulaire, est bordée sur ses quatre côtés de galeries à coupolettes dont les arcs légèrement brisés reposent sur des colonnes couronnées de chapiteaux dont le décor en triangulation répond à la fonction de l’élément, décor identique à celui des chapiteaux de la cour de l’ancienne madrasa de Gazi Husrev-Beg (1537)
. Dans son ouvrage Die Baukunft des Islam, l’architecte Julius Franz
présente un chapiteau de même type découvert en Égypte. Sous les galeries nord et sud s’ouvrent les salles de cours ainsi que l’oratoire couvert d’une coupole elliptique entièrement peinte d’un réseau de polygones étoilés meublés de rinceaux, et dont chaque pendentif reçoit un médaillon peint épigraphié au nom de Dieu, de Muhammad et de ses successeurs les quatre premiers califes Rashidun. C’est sans doute à cette longue cour, dotée en son centre d’une fontaine d’ablution
, que l’édifice doit son surnom local de « petit Alhambra » en référence à la « cour des Lions » du palais nasride de Grenade. Depuis cette cour, on accède au second bâtiment de l’internat qui accueille les cellules des étudiants organisées autour d’une deuxième cour. Elles sont desservies par une galerie à deux niveaux. Celle du premier étage est couverte d’un plafond avec poutres en bois peint et sculpté et ses parois sont entièrement peintes avec des motifs géométriques en réseau.
Le bâtiment a traversé les deux guerres mondiales en conservant sa fonction d’école des juges de tribunaux religieux musulmans ou juges de la charia (qadis). En 1945, le nouveau régime communiste ferme l’école dans le cadre de l’interdiction de l’enseignement religieux. Elle est alors transformée en faculté de droit, puis en musée d’histoire dédié à l’histoire révolutionnaire des partisans yougoslaves.
En 1992, à l’instar de nombreux monuments religieux symboles de la présence de la communauté musulmane des Balkans, l’école a été fortement endommagée par les bombardements. Dès 1993, la décision est prise de restaurer le bâtiment en tant que Faculté des sciences islamiques de l’Université de Sarajevo. Ses cours intérieures ont été couvertes et son internat utilisé comme bureaux pour les enseignants.
Paroles de gens
À propos de ces films
L’architecte du projet de restauration et la bibliothécaire de l’université nous font partager leur connaissance de cet édifice.
Réalisation et montage
Diogo Pereira et Sanja Vrzić
Documentation
Adisa Džino Šuta, Ivana Roso et Farah Račić
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